Diplômée des Beaux-Arts de Nantes, Delphine Lecamp a passé deux ans à Berlin, avant de s’installer à Rennes. Elle vient d’aménager des ateliers XXL dans une église dans le nord de Rennes. La sculpture, c’est son métier.
Elle a participé à l’exposition Jardin des Arts en 2007 et 2012, avec ses créations : Le Pied, Las Vegas Parano, Berlin Mon amour.
Entretien en mode « trêve de confinement »
Le quotidien ?
Finalement mon quotidien n’a pas tellement changé, enfin… ce qui concerne ma vie professionnelle. De part mon métier, la sculpture, je me confine déjà au quotidien !
La vie à l’atelier est assez solitaire, même si je la partage en temps normal avec Samir et Angélique (Église Saint Laurent, Rennes).
Le travail ?
J’ai eu une enveloppe de production pour Lieux Mouvants cet été (événement culturel en centre Bretagne, reporté en 2021) et je n’ai pas stoppé l’œuvre pour autant ! La création de cette sculpture monumentale a rythmé la période de confinement. Il faudra juste que je patiente concernant l’enveloppe de monstration.
La vie qui va ?
Tout en étant réaliste face au contexte inédit, j’ai réussi à transformer l’anxiété. Ma pratique m’est essentielle, et c’est ma santé mentale ! Donc j’ai continué…
La création ?
Malgré mes moments dark & down, et des périodes difficiles, j’ai poursuivi la sculpture, sans relâche. Je suis une constructrice.
Le manque ?
Les autres surtout. Les amis, la vie sociale, les rencontres lors des vernissages…
Le pressentiment ?
Malgré le côté « fin du monde » de cette période, j’imagine une ère avec davantage d’engagement.
Le manifeste ?
Comment vivre sans les artistes ? Je pose sérieusement la question ! Je fais un appel à tous : acheter de l’art maintenant et aux artistes vivants, c’est une valeur sûre !!!
Le jour d’après ?
La suite d’hier et d’aujourd’hui… Plus sérieusement, je me projette toujours car on ne peut pas se passer d’art ! Nous avons besoin d’œuvres pour vivre, s’ouvrir, s’inspirer…
Ses mots clés !
Liberté. Égalité. Contemporain. Agrandissement. Métal. Pairs (source http://ddab.org/fr/oeuvres/Lecamp )
Les actualités ?
J’ai un nouvelle mission de formation, module projet artistique, à la Maison du Forgeron (promotion des métiers d’art) qui devait démarrer en juin, la première session est à priori reportée à la rentrée.
Delphine Lecamp, artiste sculpteure du métal depuis 2005 est installée à Rennes
ACIER BIEN TREMPÉ. La pratique de Delphine Lecamp s’ancre dans un médium (l’acier) et une technique sculpturale extrêmement physique. L’énergie pure (corps et électricité) que requiert ce travail mérite d’être soulignée à nouveau, dans ce qu’elle implique en temps et en industrie lourde, mais aussi en posture esthétique. D’une chaussure synonyme de légèreté, l’artiste mime tous les replis de la toile, l’élasticité d’une semelle sillonnée de lignes, l’empreinte du temps sur l’usure des surfaces – mimétisme trompeur, jouant à rebours des préjugés liés au matériau viril qu’elle utilise. Car la délicatesse du traitement épouse ici la pesanteur extrême, deux visages pour un seul médium que l’artiste s’échine à « décadrer » sans cesse. Le sculpteur Richard Serra a un jour déclaré : « Le poids est pour moi une valeur, non qu’il soit plus contraignant que la légèreté, mais j’en sais davantage sur le poids que sur la légèreté. »
Il semble bien que Delphine Lecamp leste ses sculptures d’une valeur similaire (physique et symbolique) mais plébiscite également l’apparence du léger – au propre (sa minutie du détail) comme au figuré (son choix d’un objet pop et usuel). Émotionnellement et sensuellement, ce que l’artiste nous raconte du vêtement, du corps et de la sculpture tire pourtant sa dynamique de cette série de contradictions. Si ce n’est qu’entre gravité et légèreté, parcours intime et espace public, irrévérence et mélancolie, Delphine Lecamp ne choisit pas : elle prend tout et voit grand.
Eva Prouteau
Tél. : 06 89 86 62 44
E-Mail : lecamp.d@gmail.com
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