Nous avions envie de vous présenter Meven Delaunay, Damien Gaidier et Florian Leriche. Nouvelle génération d’architectes, ils conçoivent des projets à partir de matériaux locaux, durables et écologiques et ont rejoint Comme Un Établi, atelier coopératif à Rennes, dans lequel ils réalisent leurs recherches et maquettes.
Rencontrés à l’occasion des 20 ans de Jardin des Arts, ils ont fait mouche avec Milin ar Evned, des nichoirs pour mésanges, en terre crue. Une œuvre totale, à la fois poétique et engagée, qui plaide pour les vertus de la terre crue, plus largement pour l’utilisation de matériaux locaux et pour une architecture contextuelle.
Leur approche du travail, entière, militante, curieuse et expérimentale nous a embarquées d’emblée. Ils nous parlent avec passion et envie de leur métier mais pas que…
Après 10 ans en agence pour Damien et Florian, trois ans pour Meven, l’envie de s’installer et de de déconstruire un modèle traditionnel pour réinventer une nouvelle forme de travail devient une évidence pour les trois complices.
« En nous mettant à notre compte, nous recherchions une forme de liberté : liberté d’action, de gestion du temps, de réinvention du métier… souligne Damien. Au-delà d’être architecte, je suis avant tout mari et papa… ! En architecture, il y a souvent une forte responsabilité et de grosses contraintes. On peut vite se laisser déborder. »
Florian confirme « nous avions vraiment envie d’autre chose. En agence, la création est parfois bridée et formatée. C’est important de garder la notion de plaisir dans ce que l’on fait. Si j’adore mon métier, j’ai aussi envie de faire plein d’autres choses comme de la musique, jardiner… »
« Nous avons beaucoup discuté avant de nous lancer. Nous savions ce que nous ne voulions plus, précise Meven. On aspirait à lever le nez de l’ordinateur et à travailler avec un atelier pour « faire ». Faire nos propres expériences pour comprendre le matériau, sans pour autant se substituer aux artisans. Notre envie est de rapprocher le travail de recherche et celui de fabrication. À Comme un Etabli, c’est idéal : notre envie a rencontré le lieu adéquate. Il y a à la fois toutes les machines à disposition pour le côté fabrication et la notion de collectif. »
Pour Florian, « l’objectif de l’Atelier Fezi est aussi d’ouvrir le champ des possibles en faisant par exemple de la médiation, comme avec le projet de Jardin des Arts, pour mettre en lumière un matériau local dont l’utilisation et le savoir-faire sont en voie de disparition. »
« Nous souhaitons partager nos recherches, nos découvertes, nos expérimentations pour que les mentalités changent, souligne Damien. L’idée est de permettre le débat et la transmission.
Nous souhaiterions contribuer à donner une autre image de l’architecture et participer à lui donner une mission d’utilité publique, plus citoyenne. En permettant l’échange, le débat, la discussion, la sensibilisation à la notion de ressources locales, au réemploi, à la pédagogie partagée… les gens pourront plus aisément être acteur et s’approprier leur territoire. On crée la ville de demain et on voudrait être fiers de ce qu’on laisse à nos enfants ».